L’injection d’un anticorps dirigé contre la protéine Tau a permis de neutraliser sa production mais également d’empêcher sa propagation dans les différentes zones du cerveau de souris présentant une maladie d’Alzheimer.
/ IMMUNOTHÉRAPIE ANTI-TAU
Dans la maladie d’Alzheimer, l’une des lésions retrouvées dans le cerveau des personnes malades est la dégénérescence neurofibrillaire. Elle est causée par la modification d’une protéine qui joue un rôle dans la structure du neurone : la protéine Tau. Cette protéine Tau anormale va se multiplier, détruire les neurones mais également se propager de proche en proche pour atteindre plusieurs régions du cerveau. Pour empêcher cette protéine anomale de se développer, des chercheurs de l’Université de Lille ont mis au point un anticorps ciblé contre elle, afin de la capturer et de l’agréger. Cette méthode, appelée immunothérapie, a notamment fait ses preuves dans le traitement des cancers et pourrait à l’avenir être appliquée dans le cadre de la maladie d’Alzheimer.
/ MOINS DE PRODUCTION ET DE PROPAGATION
Dans cette étude, les chercheurs ont sélectionné des souris génétiquement modifiées pour que la structure de la protéine Tau soit proche de celle de l’Homme, ainsi que des souris témoins sans modification. Toutes les souris du groupe test ont reçues une injection cérébrale dans l’hippocampe droit de protéine Tau anormale humaine afin de pouvoir suivre son évolution et sa propagation. Puis au même endroit, a été injectée la préparation contenant l’anticorps dirigé contre la protéine Tau anormale, appelé Anticorps D. Dans le premier groupe de souris témoins, les deux injections étaient réalisées avec un produit placebo, alors que dans le deuxième groupe, l’injection d’anticorps D s’est fait dans l’abdomen au niveau du péritoine. Après analyse des cerveaux des souris sous microscope avec des techniques d’immunohistochimie, les chercheurs se sont aperçus que chez les souris test, la production de protéine Tau s’était bloquée et surtout qu’il n’y avait pas eu de propagation dans l’hémisphère du cerveau controlatéral. De plus, cette observation était plus forte pour l’anticorps D que pour l’anticorps A, un autre anticorps qui avait été testé auparavant et dont la cible moléculaire de la protéine Tau n’est pas la même.
/ QUELLE CONSÉQUENCE SUR LA MALADIE ?
Si les résultats de cette étude sont en faveur d’un blocage du métabolisme de la protéine Tau anormale par un anticorps D, ils ne permettent pas de dire si ce blocage permet de stopper le développement de la maladie d’Alzheimer et d’améliorer les symptômes des patients. D’une part car cette expérience n’a été réalisée que sur des souris et d’autre part car aucun test de mémoire ou des fonctions exécutives n’a été mené. Alors que des immunothérapies sont en train d’être mises au point chez l’Homme, la prochaine étape sera de déterminer quel anticorps est le meilleur, avec le moins d’effets secondaires, avec une véritable efficacité sur les symptômes et avec peut être le pouvoir de guérison de la maladie d’Alzheimer.
Source : Albert et al. Prevention of tau seeding and propagation by immunotherapy with a central tau epitope antibody. Brain. 2019 Jun 1;142(6):1736-1750. doi: 10.1093/brain/awz100.