L’acétylcholine, neurotransmetteur présent dans notre cerveau, joue un rôle central dans la mémoire et les apprentissages. Malheureusement, les neurones cholinergiques, c’est-à-dire produisant l’acétylcholine, font partie des neurones très affectés par la maladie d’Alzheimer. Apparemment, ce dysfonctionnement survient plus rapidement chez les femmes que chez les hommes. Comment expliquer ce phénomène ? Des chercheurs ont tenté d’identifier les acteurs moléculaires responsables de ces altérations.
/ L’importance des neurones cholinergiques
Notre cerveau est une structure complexe dont le fonctionnement repose sur la transmission des informations d’un neurone à l’autre. Cette transmission est assurée par des molécules appelées neurotransmetteurs. Parmi les différents neurotransmetteurs, on peut citer l’acétylcholine qui joue un rôle clé dans les processus de mémoire et d’apprentissage. La perte des neurones cholinergiques, localisés en particulier dans la partie frontale du cerveau entraine des troubles cognitifs majeurs. Ce phénomène est observé chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
Des études ont démontré que la perte des neurones cholinergiques était plus rapide chez les femmes que chez les hommes, malgré la durée de vie supérieure des femmes. Par ailleurs, des travaux complémentaires précisent que ce sont des altérations du matériel génétique qui pourraient être à l’origine de ces dysfonctionnements. Les éléments génétiques impliqués sont appelés micro-ARN, ce sont des petits fragments d’ADN, différents chez les femmes et chez les hommes. Ils pourraient moduler la vulnérabilité de notre cerveau en réponse à la protéine Tau qui s’accumule dans le cerveau des malades et aux signaux cholinergiques.
/ Explication moléculaire de l’atteinte cholinergique
Les mécanismes d’action des micro-ARN affectant spécifiquement l’acétylcholine ne sont pas totalement connus. Un groupe de chercheur a récemment décidé de s’interroger sur leurs fonctions.
Les échantillons collectés étaient issus de 2 groupes de sujets (hommes et femmes) : des sujets contrôles sans trouble cognitif identifié et des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Une analyse approfondie des gènes associés à la production et à la régulation de l’acétylcholine a été développée.
Les résultats confirment que les altérations génétiques en lien avec l’acétylcholine sont supérieures chez les femmes atteintes de la maladie d’Alzheimer que chez les hommes malades. Cette différence est observée dans une zone particulière située dans la partie frontale du cerveau et riche en neurones cholinergiques. Les auteurs démontrent également que des corrélations fortes existent entre les altérations cholinergiques présentes chez les patients Alzheimer et les troubles cognitifs.
/ Implication de la mitochondrie
La différence de vulnérabilité des neurones cholinergiques entre les hommes et les femmes est une question complexe. L’origine mitochondriale des fragments génétiques altérés pourraient être la cause de cette différence.
La mitochondrie est un élément très important pour le fonctionnement de nos cellules, puisqu’elle produit l’énergie nécessaire à la survie de ces dernières. La mitochondrie a également la particularité d’avoir son propre ADN, différent de celui du noyau. C’est le seul constituant de nos cellules (autre que le noyau) à avoir cet atout. De plus, ce matériel génétique mitochondrial a une particularité, il est transmis par la mère.
Les résultats de cette étude sont importants pour la compréhension des mécanismes pathologiques de la maladie d’Alzheimer. Ils insistent sur les différences de vulnérabilité entre les hommes et les femmes. Il est donc impératif de prévoir des stratégies de diagnostic et de traitement spécifique à chacun des sexes.
Source : Alzheimer and Dementia 2023