Le comité consultatif convoqué par la Food and Drug Administration (FDA), l’agence du médicament des États-Unis n’a pas été convaincu par le dossier de demande de mise sur le marché de l’Aducanumab destiné au traitement de la maladie d’Alzheimer. Ce comité constitué de neurologues et de biostatisticiens, à l’unanimité, n’a pas jugé les résultats des études cliniques présentées par le laboratoire Biogen à l’origine de ce médicament comme suffisants pour approuver cette demande.
/ Deux essais cliniques jumeaux aux conclusions divergentes
- En mars 2019, les deux essais de phase 3 (étude de l’efficacité clinique de l’Aducanumab chez les patients) EMERGE et ENGAGE, avaient été interrompus après une analyse intermédiaire dite de futilité, prédisant avec une certitude raisonnable que ces essais ne pourraient aboutir à un bénéfice suffisant pour les malades.
- En octobre 2019, dans une nouvelle analyse des essais arrêtés, Biogen a annoncé que finalement l’un des deux essais, EMERGE, pouvait, au vu de nouvelles analyses associant des données collectées après la fin de l’analyse intermédiaire, être considéré comme positif, bien que ENGAGE ne le soit pas.
Les biostatisticiens de Biogen ont expliqué que l’échec d’ENGAGE pouvait s’expliquer par une exposition plus faible des patients aux doses recommandées. Fort de cette nouvelle analyse, Biogen a donc soumis une demande de mise sur le marché à la FDA et à l’Agence européenne des médicaments, cette dernière demande étant toujours en cours d’instruction.
/ Un avis négatif du comité consultatif d’experts de la FDA
Les experts du laboratoire pharmaceutique ont argumenté que les résultats d’EMERGE, l’étude positive de phase 3, associés aux résultats d’une étude précédente de phase 1b (destinée à mesurer la tolérance du médicament), l’étude PRIME, étaient suffisamment étayés pour justifier une approbation. Selon eux, l’essai négatif ENGAGE ne venait pas contredire cette argumentation. Les experts du comité consultatif de la FDA n’en ont pas jugé ainsi. Ils ont considéré que cette absence de cohérence entre deux études EMERGE et ENGAGE construites sur le même modèle ne permettait pas de conclure ni à un effet de l’Aducanumab, ni à une absence d’effet. En effet car avec un essai positif et un essai négatif, les autres arguments apportés ne suffisaient pas à trancher si c’était l’étude positive ou l’étude négative qu’il fallait considérer pour conclure.
Le comité a salué l’analyse biostatistique de la FDA réalisée dans le cadre de l’instruction de l’Aducanumab, qui a trouvé de nombreuses lacunes dans les données. Il s’est étonné que l’examen neurologique interne de la FDA ait plutôt favorisé l’approbation. Le comité s’est dit surpris de la divergence de ces deux analyses au sein même de l’agence. Le comité a reconnu que les preuves biologiques de l’élimination des plaques amyloïdes par l’aducanumab étaient solides. En revanche, ils ont noté une faible corrélation entre l’élimination des plaques amyloïdes et le ralentissement du déclin cognitif.
La décision finale de la FDA sera connue d’ici mars 2021.