Quel est le lien entre l’asthme et la maladie d’Alzheimer, vous demandez-vous ? Des chercheurs français ont eu l’idée de repositionner le bambutérol, utilisé dans le traitement de l’asthme, pour tester son efficacité sur le cerveau. Grâce à ses actions sur une des multiples cibles impliquées dans la maladie d’Alzheimer, le bambutérol possède des caractéristiques neuroprotectrices contre les effets délétères de la protéine amyloïde.

/ Qu’est-ce que le repositionnement de médicaments ?
Dans la quête des traitements contre les maladies complexes comme la maladie d’Alzheimer, il existe plusieurs stratégies. Une des stratégies les plus connues est le développement de nouvelles molécules capables de cibler les causes précises de la pathologie et donc de soigner les patients. Cependant, il existe une autre stratégie, appelée repositionnement de médicaments, qui consiste à utiliser des médicaments déjà commercialisés et prescrits pour d’autres pathologies. Les médicaments sont choisis en fonction de leurs mécanismes d’actions ou au hasard. Ces mécanismes peuvent être étendus pour traiter d’autres maladies que celles pour lesquelles ils ont été commercialisés initialement. Ce processus est très avantageux à de nombreux niveaux, notamment parce que cela permet un gain de temps important. Par exemple, les différentes étapes liées aux tests cliniques chez l’Homme peuvent être accélérées tout comme la mise en production et la commercialisation.
Aujourd’hui, plus de 35% des traitements approuvés par l’agence américaine du médicament sont des médicaments repositionnés. La maladie d’Alzheimer représente un candidat logique pour ce type de stratégie. C’est en suivant cette stratégie de repositionnement qu’une étude récente a proposé l’utilisation du bambutérol pour soigner la maladie. Initialement, le bambutérol était utilisé pour le traitement des affections respiratoires comme l’asthme.
/ Comment fonctionne le bambutérol ?
Pourquoi avoir choisi le bambutérol pour tester son efficacité dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer ?
Le bambutérol est une substance nécessaire à la fabrication de la terbutaline. Cette dernière active les récepteurs beta-2 adrénergiques, notamment des voies respiratoires et vasculaires. La terbutaline agit donc comme un neurotransmetteur capable des mêmes effets que l’adrénaline et la noradrénaline. Grâce à cette propriété, le bambutérol est un bronchodilatateur à action rapide et de longue durée qui permet le traitement de l’asthme. Dans la maladie d’Alzheimer, l’activation des récepteurs beta-2 adrénergiques entraine une amélioration de la plasticité des synapses ainsi qu’une réduction de la quantité de protéines amyloïdes.
Une autre caractéristique pertinente du bambutérol est son effet inhibiteur d’une enzyme, la butyrylcholinestérase. La butyrylcholinestérase joue un rôle important car elle détruit l’acétylcholine, un neurotransmetteur nécessaire à la mémoire et aux apprentissages. Dans la maladie d’Alzheimer, l’acétycholine est diminuée drastiquement. Limiter son élimination est donc une priorité.
Pouvoir agir à la fois sur les récepteurs beta-2 adrénergiques et sur la butyrylcholinestérase grâce au bambutérol représente donc une vraie opportunité dans le traitement de la maladie d’Alzheimer.
/ Bambutérol et neuroprotection contre Alzheimer
Dans une étude récente des chercheurs français se sont intéressées aux effets du bambutérol sur le cerveau. Dans des modèles in vitro et in vivo, l’administration du bambutérol a amélioré les fonctions cognitives de souris, dont la mémoire spatiale, réduit les altérations synaptiques produites par l’amyloïde et a amélioré la survie des neurones. En plus de ces résultats positifs, les équipes ont utilisé une voie d’administration particulièrement innovante, l’administration intra-nasale. Cette voie permet en effet un accès direct au cerveau (par une structure d’où émergent les terminaisons olfactives, la lame criblée de l’ethmoîde) de manière non invasive et sans altérer l’efficacité des molécules par les voies digestives.
Le repositionnement du bambutérol représente donc un espoir dans le traitement de la maladie d’Alzheimer. Des essais cliniques chez l’homme doivent donc désormais être réalisés afin de valider son effet neuroprotecteur et son utilisation pour le traitement des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Le fait qu’il s’agisse d’un repositionnement devrait raccourcir les temps d’analyse clinique !