Les missions de ces potentiels futurs services de santé cérébrale visent à mettre en place des programmes de prévention complets pour les individus identifiés à risque qui souhaitent agir avant l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Bien que la démarche soit prometteuse, il existe de nombreux défis à relever.
/ Les individus à risque dans le contexte social
Les déterminants sociaux en lien avec les risques de maladie d’Alzheimer sont à considérer dans la démarche de création des services de santé cérébrale. La complexité des situations provient de la multitude de facteurs pouvant influencer la santé des individus (éducation, style de vie, changements de vies, alimentation, etc.). Nous connaissons aujourd’hui 12 facteurs de risques modifiables capables d’accélérer la survenue de la maladie (hypertension, obésité, pollution de l’air, etc.). Parmi ces facteurs, on peut dissocier des facteurs intrinsèques aux individus pouvant être modulés par les comportements individuels (ex : activité physique) et des facteurs extrinsèques en lien avec la société (ex : pollution de l’air) ; Ces derniers peuvent en particulier être le résultat d’inégalités dans la population. Pour pallier l’ensemble des risques, les services de santé cérébrale devront tenir compte des déterminants sociaux et permettre un accès équitable à toute la population. Une approche individualisée est également recommandée pour appréhender les différences individuelles.
Dans ce contexte, la communication des risques est une notion clé qui doit également être vue sous l’angle de la situation particulière d’un individu et de ses besoins. La communication doit inclure l’explication du caractère incertain du pronostic et les limites des modèles prédictifs.
Aussi, pour faciliter le changement de comportement, peut s’ajouter à l’approche personnalisée, une approche plus collective qui consiste à engager la communauté toute entière dans la conduite du changement, notamment en donnant accès à un environnement facilitant par exemple pour les activités physiques, l’éducation, etc.
/ Les services de santé cérébrale dans le contexte social
Pour être efficaces, les services de santé cérébrale doivent s’implanter et être accessible là où les populations sont les moins à même d’agir pour la prévention. Les individus qui ne bénéficient pas de ressources suffisantes pour engager des actions de prévention représentent la population qui est la plus à même d’obtenir les meilleurs bénéfices de telles structures. Aux Etats-Unis et au Royaume Uni, les individus qui ont un accès privilégié aux services de diagnostic sont actuellement les hommes âgés ayant un niveau d’éducation et socio-économique élevé.
Par ailleurs, les différences de culture et d’acceptation des populations atteintes de maladies neurodégénératives représentent une limitation à l’utilisation possible des services de santé cérébrale.
Une analyse régulière de l’impact socio-économique de la présence des services de santé cérébrale doit donc être réalisée pour s’assurer de leur légitimité et de l’équité de ce type d’initiatives.
/ Quel but ultime ?
Parmi les buts à atteindre lors de l’élaboration des services de santé cérébrale, on peut citer : trouver le juste équilibre dans les stratégies de prévention individuelle et de prévention plus collective. La mise en place de ces deux stratégies en parallèle doit être possible en excluant une certaine compétition dans l’attribution des ressources. Aux vues des défis existants (sociaux, économiques et éthiques), une considération toute particulière doit être prévue pour l’éthique des services de santé cérébrale, potentiellement à l’origine de changements sociétaux majeurs pour lutter efficacement contre les risques.
Source : Alzheimer Research and Therapy 2021