Trouver un médicament miracle, décoder le génome ou encore identifier les causes d’une maladie, tels sont les espoirs de n’importe quel chercheur du monde entier. Mais avant d’arriver à de tels résultats, la route du chercheur est toujours très longue et semée d’embuches.
/ CERNER LA PROBLÉMATIQUE
Un chercheur c’est tout d’abord le membre d’une équipe composée de personnes réfléchissant ensemble autour d’une thématique précise qui va guider leurs recherches.
Tout commence par un postulat de départ, une question, ou une hypothèse qu’il va falloir confirmer ou infirmer en mettant en place un protocole d’étude. Mais en amont de toute expérimentation scientifique, les chercheurs vont d’abord réaliser une revue de la littérature la plus exhaustive possible. Cette quantité de travail colossale consiste à parcourir les bases de données des études scientifiques du monde entier afin de répertorier les travaux déjà réalisés, d’évaluer leurs résultats et d’emmagasiner le plus d’informations possible sur le sujet. Lire des articles scientifiques représente plus de la moitié du temps de travail d’un chercheur. Être à jour des dernières avancées permet de mettre en ordre ses idées et de formuler une hypothèse de départ cohérente au projet de recherche. Une fois, cette étape réalisée, l’équipe de chercheurs va devoir s’atteler à écrire un protocole d’étude.
/ METTRE EN FORME SES IDÉES
Le protocole d’étude est une description détaillée de toutes les actions, associées à une liste du matériel nécessaire à leurs réalisations, que l’équipe va mettre en œuvre pour mener à bien le projet et répondre ainsi à la question posée. Tout devra être anticipé en amont : de la pipette utilisée pour prélever un échantillon, à la façon dont seront recrutés les sujets d’étude, en passant par les méthodes statistiques avec lesquelles seront analysés les résultats. Si le projet de recherche fait intervenir des expériences chez l’Homme, chaque étape devra être validée par un comité d’éthique et par le comité de protection des personnes qui s’assureront de la pertinence et du bien-fondé du projet.
Une recherche sans moyen avance beaucoup moins vite qu’une recherche avec des ressources suffisantes
De plus, tout devra rentrer dans l’enveloppe budgétaire allouée à l’unité de recherche pour cette étude. En effet, qu’ils proviennent de dons de particuliers, de mécènes ou de subventions, ces fonds vont conditionner la mise en pratique de l’étude et son bon déroulement. C’est à ce stade que la Fondation Alzheimer apporte une aide déterminante à l’avancée des recherches sur la maladie d’Alzheimer. Même avec les meilleurs experts et spécialistes en la matière, une recherche sans moyen avance beaucoup moins vite qu’une recherche avec des ressources suffisantes. Cette préoccupation fait partie intégrante du quotidien d’une équipe de chercheurs qui, inlassablement doit trouver des financements pour réaliser ses travaux. Quand tous ces prérequis sont réunis il est alors possible de rentrer dans le vif du sujet : la mise en œuvre effective du projet.
/ TESTER, ÉVALUER ET INTERPRÉTER
Cette mise en oeuvre est un des moments les plus intéressants d’une étude scientifique car c’est la concrétisation de plusieurs semaines voire de mois de travail théorique. Mais il s’agit aussi d’un moment stressant car il est possible que rien ne se passe comme prévu et qu’au final les résultats soient en deçà des espérances initiales.
Le déroulement de cette phase de tests dépend du type de recherche choisi. Elle peut aussi bien se dérouler en laboratoire à scruter des cellules au microscope et à réaliser divers tests grâce à des appareillages complexes, que dans un hôpital au lit des malades auxquels on va administrer une thérapeutique et suivre l’évolution de leur santé sur plusieurs mois. Lors d’une étude épidémiologique, le travail peut consister au suivi dans le temps d’un échantillon de personnes sans intervention particulière pour évaluer l’impact de facteurs de risque potentiellement associés à la maladie.
Dans tous les cas, la quantité de données et de résultats recueillie sera impressionnante et devra être traitée par des outils statistiques adaptés et de puissants ordinateurs, parfois aidé par des algorithmes d’intelligence artificielle. Puis après plusieurs semaines d’analyses, le temps sera venu d’interpréter les résultats, d’en tirer les conclusions adéquates et surtout de les faire connaître à l’ensemble de la communauté en publiant un article dans une revue scientifique.
/ RÉDIGER LA PUBLICATION
La rédaction de l’article scientifique est une phase plus importante qu’il n’y paraît. En effet, c’est l’aboutissement de tout le chemin parcouru depuis le début. Cet article constitue la trace qui va rester de milliers d’heures de travail et se doit d’être le plus complet et précis possible. Il est d’usage de dire qu’un très bon article doit permettre, en le lisant, de reproduire toutes les expérimentations et analyses réalisées sans aide extérieure. Pour cela, les rédacteurs suivent un schéma conventionnel pour structurer leur article. Tout d’abord, un paragraphe d’introduction pour planter le décor, rappeler les connaissances existantes et expliquer les objectifs du travail de recherche. Un paragraphe recensera de façon exhaustive le matériel et les méthodes utilisées pour mener à bien le projet. Puis le paragraphe des résultats présentera tous les chiffres importants, tableaux, graphiques et photos exposés de façon factuelle. Enfin l’article se terminera par le paragraphe de discussion où les auteurs feront une analyse et une autocritique de leurs résultats, suivi d’un paragraphe de conclusion reprenant les grandes découvertes du travail et exposant les perspectives à venir.
/ SOUMETTRE ET DÉFENDRE L’ARTICLE
Mais une fois l’article écrit, tout n’est pas encore joué car il va falloir passer le cap de son acceptation par une revue scientifique. Comme dans n’importe quel type de littérature, il existe des revues prestigieuses dans lesquelles tout le monde souhaite être publié comme « Nature » « Science » ou « The Lancet » avec de nombreuses exigences de qualité et des revues plus confidentielles plus facile d’accès. Ce sont les « reviewers », des scientifiques indépendants sollicités par les revues, qui vont avoir la tâche de lire les articles, de les décortiquer, de les critiquer et d’en confirmer l’originalité. C’est l’éditeur qui sur la base des ces critiques, décidera ou non de la publication, la plupart du temps avec de nombreuses modifications suggérées par les reviewers. Lorsque l’article est enfin accepté, c’est l’aboutissement de plusieurs mois et années de travail qui est récompensé. Certains articles pourront également être choisis pour être présentés et défendus lors de congrès médicaux où tous les acteurs de la spécialité viennent assister à des conférences pour échanger les derniers résultats. C’est l’occasion de confronter ses idées, de rencontrer des médecins et des chercheurs du monde entier.
Au final, le travail du chercheur est une histoire qui se réécrit constamment au fil des projets, avec des hauts et des bas mais avec la satisfaction de faire avancer la recherche. Surtout qu’avec l’avènement des technologies innovantes, la recherche va beaucoup plus vite et plus loin et oblige les chercheurs à multiplier leurs compétences, leur champ d’action et à s’adapter constamment à l’évolution exponentielle des technologies. Grâce à eux, des nouveautés sont découvertes tous les jours et les connaissances sur la maladie d’Alzheimer ne cessent de croître d’années en années, pour permettre à terme de comprendre et de traiter.