Une étude française a montré qu’en corrigeant le déficit de production dans le cerveau d’un acide aminé, la L-Sérine, il est possible de faire recouvrer la mémoire à des souris atteintes de maladie d’Alzheimer. Un nouvel espoir pour faire reculer les signes de la maladie.
/ Une histoire de chimie du cerveau
Dans la maladie d’Alzheimer, outre les lésions cérébrales causées par les plaques amyloïdes et la dégénérescence neurofibrillaire, il est prouvé qu’il existe précocement une diminution de la consommation de glucose par les zones du cerveau responsable de la mémoire. Le glucose est la source principale d’énergie du cerveau qui lui permet de fonctionner correctement. Une équipe de chercheurs français a décidé d’étudier de plus près le dysfonctionnement du métabolisme du glucose du cerveau chez des souris atteintes de maladie d’Alzheimer. Pour cela, ils ont analysés des cellules particulières du cerveau, les astrocytes, qui sont en quelque sorte les usines à énergie des neurones. Ils se sont aperçus que les astrocytes malades de l’hippocampe , une structure du cerveau essentielle pour la mémoire, tournaient au ralenti, donc consommaient moins de glucose et produisaient moins d’énergie. Cette baisse de production d’énergie entraîne la diminution de la fabrication d’un acide aminé appelé L-Sérine (les acides aminés sont les éléments de base constituant les protéines). Cet acide aminé est très important car son rôle est de stimuler des récepteurs neuronaux pour activer le processus de mémorisation. Par conséquent, ce déficit de production de L-Sérine pourrait bien être lié à l’apparition précoce des troubles de la mémoire dans la maladie d’Alzheimer.
/ Des souris qui retrouvent la mémoire
Pour confirmer leur hypothèse, les chercheurs ont compensé ce déficit en L-Sérine, afin de vérifier s’il était ainsi possible de corriger les troubles de la mémoire des souris. Ils ont donc administré à un premier groupe de rongeurs une injection d’acide aminé L-Sérine directement dans le cerveau et ont supplémenté en L-Sérine l’eau de boisson d’un deuxième groupe pendant deux mois. Quelque soit le mode d’administration, les dosages de l’acide aminé dans le cerveau se sont normalisés, et l’activité cérébrale des cellules de l’hippocampe est revenue à des niveaux similaires à ceux des souris non malades. De plus, les souris traitées présentaient de meilleurs résultats aux tests de mémorisation notamment sur les exercices explorant la mémoire spatiale.
/ Un traitement contre Alzheimer pour l’homme ?
Comme pour chaque étude se basant sur un modèle animal, la question qui se pose est de savoir si cette thérapeutique peut être utilisée chez l’Homme. Pour y répondre, il faudra réaliser plusieurs essais cliniques au cours desquels les chercheurs devront déterminer si les effets chez l’Homme sont les mêmes que chez la souris, mais aussi quelle quantité d’acide aminé ingérer pour être efficace, et à quel moment le prescrire dans l’évolution de la maladie ? Cette nouvelle approche dans le traitement des symptômes de la maladie d’Alzheimer est de bon augure pour la suite et ouvre également de nouvelles perspectives pour d’autres maladies neurodégénératives.
Source :https://www.cell.com/cell-metabolism/fulltext/S1550-4131(20)30063-2