Il y a plus d’un siècle, un médecin psychiatre allemand, le Dr Aloïs Alzheimer, a mis en lumière une affection cérébrale qui porte aujourd’hui son nom. D’abord perçue comme un trouble psychiatrique, cette maladie a été progressivement reconnue comme une forme sévère de démence sénile.
/ La rencontre déterminante du Dr Alzheimer
Le 25 novembre 1901, alors qu’il exerce à l’asile municipal de Francfort-sur-le-Main, le Dr Aloïs Alzheimer, âgé de 37 ans, reçoit en consultation une patiente de 51 ans souffrant de troubles cognitifs et comportementaux. Spécialisé dans les maladies psychiatriques et neurologiques, il s’intéresse particulièrement aux pathologies liées à la démence. Avec son confrère, le Dr Franz Nissl, il avait déjà entrepris d’importants travaux sur l’anatomie du cortex cérébral. Cette rencontre avec Auguste Deter, une patiente présentant une forme de démence inhabituelle, marque un tournant dans sa carrière.
/ Le cas d’Auguste Deter : un mystère médical
Auguste Deter est hospitalisée à la demande de son mari, qui ne parvient plus à gérer son état. Lors de leurs échanges, le Dr Alzheimer constate que la patiente est désorientée et éprouve de grandes difficultés à se souvenir d’informations simples, y compris son propre nom de famille. Son état se dégrade rapidement : elle ne reconnaît plus les aliments de son repas, peine à accomplir des tâches élémentaires et présente des signes de paranoïa et d’hallucinations auditives. Au fil des mois, la détérioration s’accentue et son comportement devient de plus en plus imprévisible.
Le Dr Alzheimer diagnostique alors une forme sévère de démence précoce, caractérisée par une perte progressive des facultés cognitives, de la mémoire et de la compréhension. En 1903, il quitte Francfort pour la clinique Royale de Munich, mais continue de suivre l’évolution de son ancienne patiente. Auguste Deter s’éteint en avril 1906 des suites d’une infection généralisée. À la demande du Dr Alzheimer, son cerveau est envoyé à Munich pour être examiné.
/ L’identification d’une nouvelle maladie
L’analyse post-mortem du cerveau d’Auguste Deter révèle des anomalies inédites : des dépôts anormaux à l’intérieur et entre les cellules nerveuses. Ces observations incitent le Dr Alzheimer à approfondir ses recherches sur cette dégénérescence cérébrale. En 1907, il publie une étude détaillant cette maladie qu’il qualifie de « maladie de l’oubli ».
Trois ans plus tard, en 1910, l’affection est officiellement nommée « maladie d’Alzheimer » dans un manuel de psychiatrie rédigé par Emil Kraepelin, un collègue du médecin. Celui-ci souligne l’importance de ces découvertes, précisant que bien que la maladie puisse être apparentée à une forme grave de démence sénile, elle peut aussi se manifester avant l’âge de 50 ans.
En 1911, le Dr Alzheimer diagnostique un second cas similaire à celui d’Auguste Deter, confirmant ainsi l’existence de cette nouvelle pathologie. Son travail jette les bases de la recherche sur cette maladie qui demeure aujourd’hui l’un des défis majeurs de la neurologie.
Malheureusement, Aloïs Alzheimer décède prématurément en 1915, à l’âge de 51 ans, des suites d’une infection cardiaque. Malgré sa disparition, son héritage scientifique perdure, et ses travaux continuent d’inspirer la recherche actuelle sur les maladies neurodégénératives.