L’information génétique est contenue dans notre ADN, présent dans les noyaux des cellules. Des modifications anormales de l’expression des gènes ont des conséquences majeures sur le fonctionnement de notre corps et donc de notre cerveau. Les éléments transposables sont des séquences d’ADN particulières pouvant se déplacer dans le génome. Lorsque leur régulation est altérée, cela peut promouvoir l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Comment cela se produit-il ?
/ Julia Fuchs, lauréate de l’appel à projets 2022 – programme innovant
Malgré une augmentation croissante de nos connaissances, la pathogenèse de la maladie d’Alzheimer est encore mal comprise. Par ailleurs, nous manquons à ce jour de traitements curatifs efficaces.
Pour surmonter ces obstacles, l’équipe menée par le Dr. Fuchs entreprend d’étudier un nouvel axe de recherche jusque-là non reconnu dans la pathogenèse des maladies neurodégénératives liées à l’âge, notamment pour tester de nouvelles stratégies thérapeutiques.
Sur la base de données solides obtenues par le laboratoire mais aussi dans d’autres centres de recherche, les chercheurs formulent l’hypothèse que la désorganisation globale de la chromatine induite par le vieillissement conduit à la dé-répression (ou activation) des éléments transposables dans le cerveau. Pour mieux comprendre, la chromatine est une structure importante dans le noyau des cellules, puisqu’elle sert à compacter l’ADN. Les éléments transposables sont quant à eux des séquences d’ADN capables de se déplacer dans le génome, ce qui leur confère un rôle crucial dans l’évolution et la diversité génétique.
L’activation incontrôlée des éléments transposables peut induire une instabilité génomique et une inflammation, favorisant ainsi la neurodégénérescence. Des données récentes suggèrent un lien entre la maladie d’Alzheimer et la dérégulation des éléments transposables. Cependant, il est important d’analyser plus en profondeur ce lien de cause à effet et les mécanismes d’actions en jeu.
Par conséquent, le projet de recherche innovant soutenu par la fondation Alzheimer vise à quantifier l’expression des éléments transposables dans les tissus cérébraux de patients atteints de la maladie d’Alzheimer et de développer un nouveau modèle de culture cellulaire caractérisant la maladie humaine. Si la dérégulation des éléments transposables est une signature de la maladie d’Alzheimer, alors les thérapies anti-éléments transposables pourraient être prometteuses et modifier la progression de la maladie.