Le Docteur Medhi Kabani est chargé de recherche au sein du laboratoire des Maladies Neurodégénératives, du CEA de Fontenay Aux Roses.
/ Peut-on réparer les cellules du cerveau pour lutter contre Alzheimer ?
Dans la maladie d’Alzheimer, l’accumulation anormale des protéines amyloïdes et tau cause de sérieux dégâts dans les cellules nerveuses. Ces protéines s’attaquent particulièrement aux synapses, les zones où les neurones communiquent entre eux, en perturbant des structures internes essentielles : les microtubules et l’actine. Ces structures jouent un rôle clé pour maintenir la forme des cellules et assurer leur fonctionnement. Heureusement, des recherches montrent qu’il est possible de réparer les microtubules. Cela ouvre la voie à une potentielle nouvelle stratégie pour ralentir ou traiter les dommages causés par Alzheimer.
/ Lauréate de l’appel à projets « Programmes Innovants » 2024 de la Fondation Alzheimer
La maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées constituent un défi médical, social et sociétal parmi les plus importants dans le monde. Il est indispensable de mieux comprendre les mécanismes fondamentaux de cette maladie et d’accélérer le transfert des découvertes à l’homme. Faciliter la réflexion et l’innovation au-delà du champ de connaissances actuelles pour générer de nouvelles hypothèses est une priorité pour la Fondation Alzheimer. Au travers de son appel à projets « Programmes innovants », la Fondation Alzheimer soutient tous types de projets innovants et/ou à risque, dans le domaine de la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées.
Tout cela est possible grâce à la générosité de nos précieux donateurs et mécènes.
Ainsi, le Docteur Leticia Perisest lauréate de l’appel à projets « Programmes innovants » 2024. Son projet sera financé à hauteur de 100 000€, à compter du 1 janvier 2025 et pour une durée de 2 années.
/ Résumé vulgarisé du projet du Docteur Leticia Peris :
La maladie d’Alzheimer est la première cause de démence, posant un sérieux défi de santé en affectant la mémoire et les capacités cognitives. Deux protéines clés, l’amyloïde et Tau, jouent un rôle majeur dans les dommages causés au cerveau, en particulier au niveau des synapses, où les neurones communiquent. Ces deux protéines perturbent en particulier les structures vitales à l’intérieur des cellules appelées microtubules et actine, qui aident à maintenir la forme des cellules et soutiennent la communication entre les neurones.
Les recherches du Dr. Peris se concentrent sur la façon dont amyloïde et tau agissent ensemble pour nuire à ces structures vitales à l’intérieur des neurones. L’équipe a découvert que l’amyloïde rend les microtubules trop stables, ce qui interfère avec leur capacité à soutenir les épines dendritiques, de minuscules parties des neurones cruciales pour leur communication. Cela entraîne également une diminution de l’actine, rendant ces épines fragiles et plus susceptibles de disparaître, ce qui affaiblit la connexion entre les neurones. Il est intéressant de noter que la restauration d’une forme jeune et dynamique de microtubule, appelée microtubules tyrosinée, protège les épines et aide à contrecarrer les effets nocifs de l’amyloïde. Aussi, lorsque les microtubules deviennent trop stables, elles peuvent favoriser des changements dans la protéine Tau qui la rendent encore plus dommageable, ce qui suggère que l’amyloïde et tau pourraient agir ensemble pour piloter la progression de la maladie d’Alzheimer. En plus d’affecter les microtubules, la protéine Tau perturbe l’actine, affaiblissant davantage les synapses et contribuant à la perte de connexions entre les neurones.
Bien qu’il soit difficile de comprendre comment l’amyloïde et Tau provoquent individuellement des dommages, on ne sait toujours pas comment ils travaillent ensemble pour endommager les synapses.
Le projet du Dr. Peris vise donc à explorer ce lien en examinant si les microtubules tyrosinées protégent les neurones des effets nocifs combinés de l’amyloïde et de Tau. En utilisant des techniques avancées et des modèles de neurones humains, l’équipe espère découvrir de nouvelles informations sur la manière dont les lésions synaptiques se produisent dans la maladie d’Alzheimer et identifier des traitements potentiels susceptibles de protéger la mémoire et les fonctions cognitives.