Selon les prévisions d’Alzheimer Europe, en 2050, la population européenne devrait voir son nombre de personnes souffrant de démences (maladie d’Alzheimer et maladies apparentées) multiplié par deux. Une augmentation qui s’explique par le vieillissement constant de la population.
/ Alzheimer : une tendance européenne a la hausse
Grâce aux progrès de la médecine moderne de ces 30 dernières années, l’espérance de vie de la population mondiale n’a cessé d’augmenter. Avec pour conséquence directe, l’émergence de nouvelles maladies liées à l’âge comme les démences dont fait partie la maladie d’Alzheimer. Pour appréhender la croissance du nombre de cas de démences, les chercheurs, à partir des résultats issus d’études de population dans différents pays, publient régulièrement des prévisions pour les années à venir. C’est le cas de l’Organisation non gouvernementale européenne, Alzheimer Europe, qui regroupe les associations de patients atteints de maladie d’Alzheimer en Europe. Alzheimer Europe a dévoilé dans son « Yearbook 2019 » les résultats de son estimation de la prévalence de la démence en Europe pour les 30 années à venir. La prévalence est le nombre de personnes effectivement atteintes d’une maladie à un instant T dans une population donnée. En compilant les données de 16 études des 10 dernières années, les auteurs ont pu calculer la prévalence de la démence en 2018 pour l’Europe entière. En prenant en compte tous les pays d’Europe, y compris ceux hors de l’Union Européenne (comme la Suisse, la Norvège ou la Bosnie Herzégovine), ce nombre atteint 9 780 678 soit 1,57% de la population, dont 2/3 sont des femmes. A l’horizon 2050, la prévision double ce nombre avec environ 18 846 286 personnes atteintes de démences soit 3% de la population.
/ A quel âge développe-t-on la maladie d’Alzheimer en France ?
Les auteurs ont également établis des estimations en fonction de plusieurs critères comme l’âge ou le pays d’origine. En 2018, pour l’Europe entière, près de 41% des personnes âgées de plus de 90 ans étaient atteintes de démence, 22% chez les 85-89 ans et 8% chez les 75-79 ans. En ce qui concerne la France en 2018, les auteurs estiment à environ 1 227 558 le nombre de personnes atteintes de démence, soit 1,83% de la population française. Pour 2050, ce nombre atteindrait 2 236 682 soit 3,31% de la population avec une prédominance chez les sujets âgés de plus de 85 ans.
/ Faut-il redouter une recrudescence de la malades d’Alzheimer ?
Ces chiffres ne sont que des estimations basées sur des études statistiques et non le nombre réel de malades en Europe. Mais la projection à la hausse de la prévalence en 2050 est réaliste car elle prend en compte l’augmentation de l’espérance de vie, facteur principal de l’augmentation du nombre de cas de démence. Néanmoins, le nombre de nouveaux cas chaque année baisse un peu. Moins de gens déclarent les premiers symptômes de la maladie, mais cela ne suffit pas à compenser l’augmentation massive de la longévité et donc l’augmentation de la prévalence à un instant donné dans la population. Enfin dans leur conclusion, les auteurs parlent d’une baisse de la prévalence d’un million de cas en 2018 par rapport à leur estimation de 2008. Attention, cette phrase peut porter à confusion car elle pourrait sous-entendre qu’il y a eu une baisse du nombre de cas de démence en 10 ans. Hors c’est uniquement la prévision de 2008 pour 2018 qui était surestimée par rapport à la celle de 2019 et non le nombre de cas réels qui a diminué. Pour simplifier, en 2008, leur prévision pour 2018 était de 10,9 millions, alors qu’au final en 2018 elle n’ est plus que de 9,8 millions. Il y a bien 1 million de différence entre les deux estimations, mais la prévalence n’a fait qu’augmenter en 10 ans, puisque le nombre de cas de démence en 2008 en Europe était de 7,8 millions selon Alzheimer Europe, soit tout de même 2 millions de cas supplémentaires en 2018.