La maladie d’Alzheimer est une pathologie neurodégénérative, c’est-à-dire qu’elle progresse avec le temps. Cela est dû à l’accumulation des formes toxiques de la protéine amyloïde et de la protéine Tau dans les neurones et dans les différentes régions du cerveau. Aujourd’hui, près d’un million de français sont atteints de cette maladie moins de 1% des cas sont transmis familialement. Une étude britannique s’est intéressée à un autre type de transmission, tout à fait exceptionnel, par l’injection d’hormones de croissance d’origine humaine. Décryptons ensemble cette actualité.
/ Comprendre le rôle des protéines Amyloïde et Tau dans le cerveau d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer
Les protéines amyloïdes et Tau sont normalement présentes dans notre cerveau et jouent un rôle important dans le bon fonctionnement des neurones. Avec l’âge, elles s’accumulent dans les cellules nerveuses et leur élimination devient plus difficile. Dans la maladie d’Alzheimer en particulier, en plus de s’accumuler, les protéines amyloïdes et Tau s’associent sous la forme d’agrégats dont certains sont toxiques pour les neurones. De plus, des travaux de recherche ont montré que les protéines amyloïdes et Tau sont capables de se propager d’un neurone à l’autre, entrainant la dissémination progressive de la maladie à l’ensemble du cerveau. Les stades d’évolution des symptômes de la maladie sont donc le reflet de la progression des protéines toxiques dans les différentes régions de notre cerveau.
Cette propagation de l’amyloïde et de Tau posent de nombreuses questions. Pourraient-elles également « se propager » d’un individu à l’autre ? Des équipes de recherche travaillent sur ces hypothèses, notamment grâce à l’exemple de la protéine Prion, responsable de la maladie de Creutzfeldt Jacobs.
/ La maladie d’Alzheimer pourrait-elle se transmettre d’un individu à l’autre ? l’exemple de la maladie de Creutzfeldt Jacobs
A ce jour, il n’existe aucune évidence scientifique quant au caractère transmissible inter-humain de la maladie d’Alzheimer. Pour mieux comprendre les mécanismes de propagation des protéinesamyloïde et Tau, les recherches se basent sur les connaissances acquises grâce à une autre protéine connue pour se propager : le Prion, associée à la maladie de Creutzfeldt Jacobs. Cette dernière est une maladie neurodégénérative causée par l’accumulation et la propagation anormale de la protéine Prion dans le cerveau. Très exceptionnellement, elle peut se développer suite à des contaminations secondaires (1% des cas), c’est-à-dire suite à l’administration « accidentelle » de la protéine Prion toxique à l’intérieur du corps humain. Des contaminations secondaires à la protéine Prion ont été identifiés entre espèces dans les cas d’ingestion de viandes (crise de la vache folle avec les bovins porteurs du Prion toxique), dans des cas de rites funéraires cannibales (Kuru). Enfin, au siècle dernier, l’administration d’hormone de croissance d’origine humaine issue de cerveaux de cadavres pour compenser certains troubles de croissance ont été associée à la survenue de maladie de Creutzfeld Jacobs. Il y a huit ans, des scientifiques anglais* avaient autopsié des patients ayant reçu ces hormones de croissance et ont montré que certains d’entre eux présentaient des lésions compatibles avec la maladie d’Alzheimer, suggérant l’hypothèse d’une transmission de maladie d’Alzheimer à la suite d’injection d’hormone de croissance issue de cerveau humain.
/ Une nouvelle étude anglaise confirme cette hypothèse
Des travaux récents publiés dans la revue Nature Medecine sont venus confirmer cette hypothèse. L’étude réalisée au Royaume Uni se base sur 8 sujets ayant été traités durant l’enfance avec des hormones de croissance d’origine humaine administrées dans les années 1980. Parmi ces 8 cas, 5 présentaient des troubles neurocognitifs majeurs associés à la maladie d’Alzheimer. Le seul point commun entre les 8 cas pouvant expliquer la survenue d’une maladie d’Alzheimer étaient les injections d’hormone de croissance. Cette observation est exceptionnelle, et il n’y a aucune évidence que la maladie d’Alzheimer puisse être transmise entre individus dans les activités de la vie quotidienne. Cet article scientifique souligne la nécessité de renforcer les mesures visant à prévenir les transmissions accidentelles via d’autres procédures médicales et chirurgicales. Il est important de préciser également qu’il est interdit aujourd’hui d’injecter des hormones de croissance d’origine humaine. Les traitements à base d’hormone de croissance se font désormais avec des produits de synthèse, dénués de tout risque de contamination.
* Jaunmuktane, Z. et al. Evidence for human transmission of amyloid-β pathology and cerebral amyloid angiopathy. Nature 525, 247–250 (2015)